L''oxytocine est une hormone produite naturellement par notre organisme. Il s''agit d''un neuropeptide, c''est-à-dire une petite molécule qui agit comme messager chimique dans le système nerveux. Bien qu''elle ait longtemps été associée à l''accouchement et à l''allaitement, la recherche a révélé ces dernières années un rôle beaucoup plus large de cette hormone dans notre vie.

L''oxytocine est principalement produite dans l''hypothalamus, une région du cerveau qui joue un rôle fondamental dans la régulation de nombreuses fonctions vitales et est libérée dans la circulation sanguine. Cette hormone est capable de réduire l''activité du système nerveux dit « sympathique » (lié aux réactions de fuite ou de lutte en cas de danger) et d''augmenter celle du système « parasympathique », lié à la relaxation.

L''oxytocine est impliquée dans un large éventail de processus physiologiques et psychologiques, notamment :

• Accouchement : pendant le travail et l'accouchement, l'ocytocine stimule les contractions utérines, facilitant l'expulsion du fœtus, mais réduit aussi la douleur du travail et est responsable de cette sorte d’« amnésie » qui fait oublier aux jeunes mamans la douleur.
• Allaitement : elle favorise la production et l'éjection du lait maternel en réponse à la succion du bébé.
• Lien affectif : elle favorise le développement du lien entre la mère et l'enfant, mais aussi entre partenaires et amis. En effet, elle est associée à des sentiments de confiance, d'empathie et d'attachement.
• Comportement social : elle influence le comportement social, favorisant la coopération, l'altruisme et la réduction du stress.
• Santé mentale : des études récentes suggèrent que l'ocytocine pourrait jouer un rôle dans la régulation de l'anxiété, de la dépression et de l'autisme.

Mais voyons pourquoi c'est une hormone très importante pour la grossesse, l'accouchement et le post-partum.

Pendant la grossesse, les niveaux de ocytocine augmentent progressivement, contribuant à créer un environnement optimal pour le développement du fœtus. Ses fonctions spécifiques incluent :

• Sensibilisation des récepteurs utérins : ce processus est fondamental pour préparer l'utérus à des contractions efficaces pendant le travail.
• Contractions de Braxton Hicks : ces contractions préparatoires, souvent perçues comme des durcissements irréguliers de l'utérus, peuvent être influencées par l'ocytocine et aident à tonifier le muscle utérin en vue de l'accouchement.
• Comportements maternels : des niveaux élevés d'ocytocine pendant la grossesse semblent être associés à des comportements maternels plus affectueux et à une plus grande disposition à prendre soin du nouveau-né.
• Réduction du stress : L'ocytocine possède des propriétés anxiolytiques qui aident à réduire les niveaux de stress et d'anxiété pendant la grossesse.
• État émotionnel positif : elle contribue à améliorer l'humeur de la mère, favorisant une expérience de grossesse plus sereine et positive. Cependant, l'ocytocine peut aussi être une des causes de l'insomnie pendant la grossesse à l'approche de l'accouchement.

Mais où joue un rôle clé cette hormone ? Pendant l'accouchement !

En effet, elle contribue à la coordination et à l'efficacité des contractions utérines nécessaires pour le travail et la naissance. Son action peut varier légèrement selon que le travail commence spontanément ou soit induit.

Dans les jours précédant l'accouchement, les niveaux de ocytocine augmentent progressivement. En effet, c'est cette hormone qui induit les premières contractions utérines.

Pendant le travail, l''ocytocine est libérée en pics réguliers, augmentant l''intensité et la fréquence des contractions et aidant à les synchroniser, les rendant plus efficaces. Cela favorise la dilatation du col de l''utérus et le passage du bébé à travers le canal de naissance.

Mais cette hormone n''agit pas seule : la pression exercée par la tête du fœtus sur le col de l''utérus et sur la paroi vaginale stimule la sécrétion d''ocytocine qui à son tour augmente la sensibilité des muscles utérins et favorise également la libération de prostaglandines, qui renforcent encore les contractions utérines et favorisent la maturation du col de l''utérus.

On parle d''accouchement déclenché lorsque l''intervention médicale est nécessaire pour commencer ou accélérer le travail, et l’ocytocine synthétique peut être utilisée pour stimuler les contractions.

Elle est administrée par perfusion intraveineuse et soigneusement surveillée et ajustée pour assurer que les contractions soient efficaces, mais pas excessivement intenses.

L’ocytocine synthétique agit de manière similaire à celle naturelle, en stimulant les récepteurs utérins et en provoquant des contractions. Cependant, les contractions induites peuvent être plus intenses et régulières, entraînant une douleur plus forte dès le début et non progressive comme lors d''un travail spontané.

Juste après la sortie du nouveau-né, l''ocytocine continue de jouer un rôle fondamental, en particulier dans la prévention des hémorragies post-partum, l''une des principales causes de mortalité maternelle.

En effet, elle stimule la contraction du myomètre, le muscle de l''utérus, pour comprimer les vaisseaux sanguins à l''intérieur de l''utérus, réduisant ainsi la perte de sang. De plus, ces contractions supplémentaires facilitent l''expulsion du placenta.

Dans de nombreux hôpitaux, l''ocytocine est administrée de manière prophylactique par injection intramusculaire à toutes les mères immédiatement après la naissance de l''enfant. Ce protocole est connu sous le nom de gestion active du troisième stade du travail et a démontré une réduction significative de l''incidence des hémorragies post-partum, surtout si la mère a déjà eu des accouchements précédents.

En effet, les femmes ayant eu plus de deux accouchements (à partir du troisième) sont plus à risque d'hémorragies post-partum en raison de la diminution du tonus utérin et c'est pour cette raison que le personnel médical surveille attentivement les contractions utérines et la perte de sang post-partum en ajustant l'administration d'ocytocine.

L'ocytocine, en plus de son rôle fondamental pendant l'accouchement, continue de jouer un rôle crucial dans la période suivant la naissance. Cette hormone favorise en effet l'établissement d'un profond lien affectif entre la mère et l'enfant et soutient les processus physiologiques liés à l'allaitement.

En ce qui concerne le démarrage de l'allaitement, cette hormone joue un rôle important. En effet, lorsque le nouveau-né s'attache au sein et commence à téter, les nerfs du mamelon stimulent la libération d'ocytocine dans le flux sanguin qui, à son tour, provoque la contraction des cellules musculaires autour des alvéoles mammaires, poussant le lait dans les canaux lactifères et enfin dans le sein. Ce processus est connu sous le nom de réflexe d'éjection du lait.

Mais au-delà de ce processus, l'ocytocine soutient également la production de prolactine, une autre hormone cruciale pour la production de lait et ensemble elles assurent de manière synergique une production et une libération de lait suffisantes pour le nouveau-né.

L'ocytocine est connue pour son rôle dans le renforcement du lien émotionnel entre la mère et l'enfant car elle favorise les sentiments d'affection et de connexion.

Il est important de préciser qu'un lien fort et sécurisé avec la mère est fondamental pour le développement émotionnel et psychologique de l'enfant.

Les contractions utérines stimulées par l'ocytocine ne préviennent pas seulement les hémorragies, mais aident aussi l'utérus à retrouver plus rapidement sa taille pré-grossesse, accélérant ainsi la récupération physique de la mère.

De plus, cette hormone favorise le bien-être mental en aidant la mère à affronter les défis du post-partum avec plus de sérénité.

• Massages : Les massages, surtout dans la région lombaire et pelvienne, peuvent stimuler la libération d'ocytocine et préparer le corps à l'accouchement.
• Yoga et techniques de relaxation : ils aident à réduire le stress et favorisent la libération d'endorphines, qui à leur tour peuvent stimuler la production d'ocytocine.
• Musique : Écouter de la musique relaxante peut stimuler la libération d'ocytocine et créer une ambiance sereine.

• Environnement calme et intime : Un environnement calme et intime, avec une lumière tamisée et la présence d'une personne de confiance, peut favoriser la libération d'ocytocine et rendre l'accouchement plus serein.
• Soutien du partenaire : le soutien et la présence du partenaire peuvent favoriser la libération de cette hormone.

• Allaitement au sein : L'allaitement au sein est le moyen le plus efficace pour stimuler la production d'ocytocine. Le contact peau à peau avec le bébé, ses pleurs et la succion au sein déclenchent le réflexe de lactation et renforcent le lien mère-enfant.
• Contact peau à peau : surtout juste après l'accouchement, il favorise la libération d'ocytocine et renforce le lien affectif.
• Temps pour soi : Prendre des moments pour soi, en pratiquant des activités relaxantes comme la méditation ou le yoga, peut aider à réduire le stress et favoriser sa production.
• Soutien social : Un environnement familial et social favorable peut contribuer à augmenter les niveaux d'ocytocine.

De nombreuses études scientifiques ont mis en évidence une corrélation entre de faibles niveaux d'ocytocine et l'apparition de la dépression post-partum. Cette hormone, en effet, favorise non seulement le lien affectif, mais joue aussi un rôle important dans la régulation de l'humeur et la réduction du stress.

Les niveaux d'ocytocine ne sont cependant qu'un des facteurs pouvant augmenter le risque de dépression.

Il est important de souligner que si vous soupçonnez souffrir de dépression post-partum, il est essentiel de consulter votre médecin ou un spécialiste.

L'ocytocine joue un rôle crucial tant pendant la grossesse qu'en post-partum, influençant positivement de nombreux aspects de la santé et du bien-être de la mère et de l'enfant. Connaître et favoriser la production de cette hormone importante peut contribuer à une expérience de naissance plus sereine et gratifiante, améliorant le travail, l'accouchement et le lien mère-enfant.

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